De la tradition des compagnons, nous avons hérité leur savoir-faire, leur goût pour la belle ouvrage et leur passion pour nos vieilles pierres. Fondée après la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise Lefèvre est réputée pour les travaux de taille de pierre.
Fiche technique
Maîtrise d’ouvrage : communauté d’agglomération du pays chatelleraudais
Maîtrise d’oeuvre : François Jeanneu, Architrav
Entreprises : BTP Soporen, Rénolors
Coût: 3,6 M€
Elle intervient d’abord en Normandie, durement touchée par les combats, puis se développe en région parisienne et dans le Grand Ouest de la France. Au fil des années, son activité s’est diversifiée dans la réhabilitation vers des techniques innovantes. La société a entrepris un important programme de recherches en vue d’améliorer les techniques traditionnelles et de mettre au point des brevets. Elle s’est adjoint des filiales spécialisées respectivement dans la statuaire, le bois et le béton.
Le pont Camille-de-Hogues
La restauration de ce pont daté de 1900 a fait appel au procédé mis au point par Renofors, il y a une dizaine d’années, mais jamais pratiqué en France. À Châtellerault, le pont qui surplombe la Vienne présentait de graves désordres. Réalisé selon la technique Hennebique, il mesure cent quarante quatre mètres de long et huit mètres de large. Composé de trois arches supportées par quatre poutres en béton armé reliées par un hourdis, l’ouvrage a été récemment classé (2002). L’étude approfondie de ses pathologies menée par l’ACMH François Jeanneau a révélé une carbonatation du béton. La corrosion des fers et les pulvérulences peu nombreuses en comparaison autorisaient une restauration par passivation électrochimique.
L’architecte a donc retenu le procédé Novbeton qui préservait le matériau originel, traitait la cause des symptômes et permettait un retour à la stabilité de l’ouvrage d’art. Le béton a donc été soigné à coeur par système d’électrolyse. La restauration s’est poursuivie en quatre tranches depuis 2006. Une première expérience s’est déroulée sur une arche latérale. Après avoir fait sonner le béton pour localiser les armatures corrodées, enlevé les bétons non adhérents, réparé les épaufrures, les ouvriers ont vérifié la continuité électrique des armatures. Ils ont ensuite posé un treillis métallique sur lequel a été projetée une pâte à papier. La mise sous tension de cet emplâtre favorise, grâce à une humidification permanente, la réalcanisation progressive du béton. La couche d’oxydes stables (couche passivante), qui constitue une barrière contre la corrosion à la surface des fers, se reforme. Le succès de la première tranche a permis la poursuite des travaux qui s’achèveront en 2009 par la reprise des fondations et des batardeaux. Ce masque prolongé de beauté aura coûté trois millions six d’euros à la communauté d’agglomération du pays châtelleraudais.
Des brevets adaptés au patrimoine
Lors de la restauration du musée des Arts décoratifs à Paris, Lefèvre avait participé à hauteur de trois cent mille euros à la récupération de la mosaïque du sol. Cette expérience avait enrichi les recherches en laboratoire et l’expérience de l’entreprise. Forte de ce mécénat de compétences, elle a décidé de mettre à nouveau la richesse de son savoir-faire et des prestations haut de gamme au service du patrimoine français.
Le château de Chambord, joyau de la Renaissance française, est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. L’escalier à double révolution démontre une ingéniosité rare puisque deux personnes qui empruntent chacune une volée peuvent s’apercevoir, mais en aucun cas se rencontrer. La convention de mécénat entre l’entreprise Lefèvre et le Domaine national de Chambord consacre l’engagement d’une entreprise appelée sur le chantier du château depuis 1947 dans une opération de restauration de grande envergure. Elle témoigne de la volonté conjointe de l’entreprise et de l’établissement public de valoriser le grand escalier et de sensibiliser le public à l’originalité de cette architecture. La première phase du programme porte sur un ensemble d’études préalables avant des essais de restauration sur des marches, balustres et chapiteaux. Ces études préliminaires précéderont les remplacements des blocs de tuffeau, la restauration des parements et la rénovation des parties sculptées.
Amélie Musso
Attachée de presse